Malgré une forte volonté affichée de réduire sa dépendance au gaz russe depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, l’Union européenne peine à s’affranchir totalement de cette ressource. À l’aube de 2025, la réalité économique et énergétique freine la transition annoncée.
Une dépendance toujours persistante
Avant 2022, l’Union européenne importait environ 40 % de son gaz naturel de Russie. Depuis, ce chiffre a considérablement diminué, grâce à :
- Une diversification des sources : L’Europe s’est tournée vers des fournisseurs alternatifs tels que la Norvège, le Qatar et les États-Unis pour ses besoins en gaz naturel liquéfié (GNL).
- Des mesures d’économie d’énergie : Réduction de la consommation dans les secteurs industriels et domestiques.
- Le développement des énergies renouvelables : Accélération des projets éoliens, solaires et hydroélectriques.
Cependant, à la fin de 2024, des estimations indiquent que la Russie représente encore environ 15 % des importations de gaz en Europe. Cette dépendance résiduelle soulève des défis complexes.
Les freins au sevrage énergétique
Malgré des progrès significatifs, plusieurs obstacles ralentissent l’indépendance énergétique complète de l’Europe :
- Infrastructure insuffisante : Tous les pays européens ne disposent pas encore des terminaux nécessaires pour recevoir du GNL, limitant les alternatives au gaz russe.
- Prix élevés : Les contrats avec des fournisseurs alternatifs, notamment pour le GNL, sont souvent plus coûteux, ce qui pèse sur les économies européennes.
- Demande hivernale accrue : Les périodes hivernales continuent de mettre sous pression les réserves de gaz, rendant indispensable un approvisionnement stable.
- Complexité des réseaux : Certains pays, comme l’Allemagne, restent partiellement connectés aux infrastructures russes pour des raisons historiques et techniques.
Les efforts européens pour accélérer la transition
L’Union européenne poursuit ses initiatives pour réduire davantage sa dépendance :
- Investissements massifs dans le renouvelable : Un objectif de 45 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici 2030.
- Construction de nouveaux terminaux GNL : Plusieurs terminaux sont en construction ou en projet dans des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas et la France.
- Création d’une plateforme d’achat commune : L’Europe envisage d’unifier ses achats de gaz pour négocier de meilleurs prix et garantir une répartition équitable.
Les conséquences géopolitiques
La réduction des achats européens de gaz russe a considérablement impacté l’économie de la Russie, qui a réorienté ses exportations vers l’Asie, notamment la Chine.
Cependant, les experts avertissent que :
- La Russie utilise encore son gaz comme un outil de pression géopolitique, en restreignant ou augmentant les livraisons à des moments stratégiques.
- Une dépendance résiduelle de certains pays européens pourrait exposer l’Union à des divisions internes, notamment en cas de crise énergétique prolongée.
Conclusion : Une transition difficile mais nécessaire
L’Europe a réalisé des progrès remarquables dans sa quête d’indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Néanmoins, le chemin reste semé d’embûches, entre coûts élevés, infrastructures limitées et demande énergétique fluctuante.
La clé réside dans une coordination accrue entre les États membres, un investissement massif dans les énergies renouvelables, et une gestion intelligente des réserves stratégiques pour affronter les hivers à venir.
L’année 2025 sera déterminante pour mesurer l’impact des efforts en cours et accélérer le sevrage énergétique total de l’Union européenne.